Exploration pluvieuse en Italie

Nous sommes à la mi-mai, j’ai envie de rouler. Je lance le planificateur d’itinéraire spécialisé moto (Kurviger). Mes seuls critères sont
– Éviter l’autoroute
– Passer par le Monte Gappa (Vénétie)
Pour le reste je fais confiance au GPS.
Je pars au petit bonheur la chance.

Itinéraire Kurviger

Préparation

Pendant ce voyage de 4 jours je profite d’essayer quelques nouveaux accessoires :
– un coussin de selle Wild Ass
– un spoiler de bulle MRA
– un GPS Garmin xt Zumo

Sinon je pars avec le minimum. Mes affaires de moto, ma combinaison de pluie, une paire de gant moto en Gore-Tex supplémentaire et quelques habits. Mon chargeur de téléphone et un nécessaire de toilette complètent le tout.

Premier jour

Jeudi matin, il est environ 08h30 lorsque je prends le départ direction le Simplon. À partir de Viège la pluie décide de m’accompagner. Je continue de rouler avec l’idée qu’il n’est toujours pas trop tard pour faire demi-tour.

Je commence la montée du Simplon, le cœur n’y est pas, j’ai froid et la pluie s’intensifie . Je prévois de faire une photo au sommet du col. Les conditions météo se dégradent encore et une fine couche de neige commence à recouvrir le bitume. Je préfère continuer ma route. Même avec ce mauvais temps, la région du Simplon est magnifique. J’essuie la neige de ma visière et je continue.

À Domo, je m’arrête pour faire le plein d’essence. Il pleut toujours des cordes. Je discute quelques instants avec un client de la station service. Mes capacités en italien sont limitées mais suffisantes pour le comprendre. Selon lui si je poursuis ma route la pluie va s’arrêter et je devrais même trouver quelques rayons de soleil. Je choisi de le croire et je poursuis en direction de la région d’Émilie-Romagne.

Le bord du lac d’Orta, là où la pluie a cessé.

La suite de mon itinéraire m’amène entre Novare et Milan par les petites routes de campagne. Par moment mon GPS s’obstine. Il cherche à passer par des tracés inexistants. J’imagine que c’est dû la façon dont j’ai importé / configuré mon itinéraire. C’est ennuyant mais je continue.

J’arrive sur la dernière portion de trajet pour la journée. Je renfile ma combinaison car la pluie fait son retour. La météo se dégrade tellement que mêmes les locaux abandonnent leur style de conduite très  »libéré » au profit d’une allure bien plus posée. Je suis trempé, ma protection imperméable me laisse à la merci du déluge. Mes gants en Gore-Tex qui ne m’avaient jamais déçu jusque là sont rempli d’eau. J’arrive à destination et les précipitations en profitent pour s’arrêter également.

Bilan de cette première journée : J’ai le sentiment que le pire est derrière moi. Je suis content de me reposer et de pouvoir sécher un peu. Je n’ai toujours pas réussi à régler mon déflecteur de bulle. Par contre, je n’ai pas de douleur suite à position assise sur la moto. Le coussin Wild Ass semble efficace.

Deuxième jour

Je me lève avec le soleil. Mes affaires n’ont pas vraiment eu le temps de sécher. Je prends un petit déjeuner sur le pouce. Aujourd’hui j’ai beaucoup de choses à voir. Je suis le GPS. Je chemine dans la plaine au gré des indications du guidage par satellite. J’ai trouvé une position pour le déflecteur ou je suis protégé du vent et quelque peu épargné du bruit. Vers midi j’arrive au pied du Monte Grappa.

Au pied du col.

La route qui serpente en direction du Monte Grappa est belle, mais étroite et recouverte de feuilles humides et glissantes. Je m’enfonce dans le brouillard au fur et à mesure que je prends de l’altitude. Je ne vois rien et je progresse à vitesse réduite.

Fermeture de route et brouillard.

J’arrive aux places de stationnements pour visiter le monument commémoratif. Je suis seul. Le parking est désert. Le brouillard a sûrement découragé les visiteurs de venir.

Facile de trouver une place.

Je commence ma visite. L’ambiance est particulière.

Après avoir tout vu (ou rien vu) je me remets en route.

J’entame la descente direction du col Zaloppa. Le brouillard se dissipe et le soleil refait son apparition. J’adore ces petites roues de montagne qui passent de la forêt aux prairies d’herbe. J’arrive du côté de la Valbelluna et je me prépare pour le dernier col de la journée.

Dernière pause. On peut voir que le fleuve Piave a débordé.

Pour cette dernière montée, mon GPS m’emmène en direction du col de Praderadego. La route se rétréci de plus en plus et s’enfonce dans la forêt. À mi chemin, un tracteur avec une machine me bloque l’accès. Je m’apprête à faire demi tour, mais le bucheron me fait signe, il déplace sa machine et me laisse passer. La route se transforme en chemin avec deux ornières. C’est très roulant et étonnamment sec.

Le chemin en direction du sommet du col

Après avoir passé une buvette d’alpage, le chemin perd son aspect carrossable et laisse place à une piste en terre dans la forêt. Il y a beaucoup de grosse pierre avec des parties un peu  »trial ». Il y a de la boue et les pierres sont glissantes. Grâce au comportement très facile de la Tuareg je roule avec un bon rythme sans trop me poser de question. Jusqu’à ce que j’arrive au pied d’une montée qui me parait particulièrement boueuse.
Après une (trop) brève analyse, j’attaque la montée en passant au centre de la piste qui me parait praticable avec un peu de gaz.

Résultat des courses : la moto est posée sur son sabot, bien plantée dans le sol. J’essaie de me mettre en appuis au maximum sur la roue arrière et de sortir du trou mais rien à faire. Avant de s’énerver et de perdre de l’énergie pour rien, je coupe le contact et décide de considérer un peu mieux la situation. Je prends le temps d’enlever mon casque ma veste et mes gants. Tant qu’à faire je retire même les bagages de la moto.
J’essaie de déplacer la moto, de la tirer en avant, en arrière mais rien n’y fait. Je ne m’attends pas à trouver quelqu’un pour m’aider dans les environs. Je commence donc à creuser et évacuer la boue autour et derrière la roue arrière pour retirer la moto en la faisant reculer. La terre est meuble et collante, je suis rapidement couvert de boue. Je creuse à main nue, puis avec un morceau de bois trouvé sur le bord du chemin.

La fidèle Tuareg sortie du bain de boue

Après une heure de dure labeur c’est la délivrance. Je décide de rebrousser chemin et de contourner ce col. Mon nouvel itinéraire me fait passer par le magnifique col du San Boldo. Par chance je trouve un lavage voiture ou je nettoie ma moto et mon équipement. J’arrive à l’agritourisme un peu plus tard que prévu et fatigué. La douche ainsi qu’une bonne nuit de sommeil sont méritées.

Troisième et quatrième jour

Je commence l’avant dernier jour de ce voyage en discutant avec le cuisiner de l’hôtel. Je lui dit que je ne parle que très peu l’italien. Je lui demande si il parle un peu le français ou l’allemand. Et à ma grande surprise je me retrouve à parler un mélange de français-allemand-italien et nous discutons de moto et plus particulièrement de la marque Aprilia. Il m’explique qu’il a essayé la Tuareg, mais qu’il préfère rester sur sa Caponord 1200 pour le moment. Je lui montre quelques photos des mes aventures de la veille. Il me fait encore quelques  »complimente » sur ma machine et nous nous quittons sans même avoir échangé nos prénoms.

Des arbres originaux

Avec le beau temps, les routes sont un peu plus fréquentées. Je commence à croiser quelques motards ici et là. Les petits villages se suivent et je profite de chaque instant pour découvrir tous ces beaux paysages.

J’arrive déjà à Plaisance juste à côté de là où se trouve mon agritourisme pour la nuit. Sur les conseils de mon hôte je me rends dans un petit restaurant ou je déguste les fameuses Pisarei e Fasö (ça ressemble à des gnocchis servis avec des haricots) que j’accompagne d’une petite côte de bœuf et ses légumes grillés.

Simple et efficace

Après cette dernière nuit, je rentre tranquillement en faisant un détour par le passo del Carmine. J’approche d’Ivrée et de la vallée d’Aoste. C’est dimanche et il fait beau, il y a de plus en plus de monde sur la route. Je n’ai pas envie de dépasser toutes les voitures et préfère prendre mon temps. J’arrive au tunnel du Grand-Saint-Bernard (le col est encore fermé) et termine mon voyage sans encombre.

Bilan

J’ai découvert des magnifiques régions que je ne connaissais pas. La Aprilia Tuareg est une moto fantastique. Avec son caractère moteur, je ne me suis jamais ennuyé sur la route. Même dans les conditions dégradées j’étais en confiance. Je trouve aussi la moto confortable. Avec le coussin Wild Ass je n’ai jamais eu mal aux fesses sur les 1600 km de petites routes. Ma consommation d’essence est restée en moyenne aux alentours de 4.5 litres au 100 kilomètres.
J’ai aussi respecté mes deux critères qui étaient de ne pas prendre l’autoroute et de voir le Monte Grappa.
Dans les points moins positif, mes gants en Gore-Tex n’ont pas réussi à sécher après les pluies du premier jour. Je suis également déçu du GPS. Je trouve son utilisation compliquée et je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais avec mes itinéraires. Le déflecteur de bulle a fini sur la Moto Guzzi de mon père. En effet après quelques essais, je préfère l’enlever. Je trouve qu’il provoque trop de turbulence par rapport à la protection qu’il apporte.

Pour la première sortie sur plusieurs jours de la saison 2024, je ne suis pas déçu.

À bientôt
Nicolas